La boite magique de Toudou : extraits

Louis serre un coin du lit entre ses cuisses, une façon de retenir les choses, de les obliger à prendre leur temps.

« Tu pourrais peut-être y aller et revenir ? Oui, c’est ça, tu vas voir Kaled et tu reviens ! De toute façon, tu n’as rien là-bas, t’as pas de maison, t’as pas… »

Mais Louis se tourne vers son ami et s’arrête aussitôt. Une fois de plus il aura parlé de travers, en fait, il n’a jamais bien su. C’est très compliqué la parole, il ne faudrait s’en servir que quand elle n’a pas d’importance, comme chez lui par exemple, elle accompagne le poulet, ou la télé, ça sert à lier, c’est comme une sauce !

Ici, chez Hélène, ce n’est pas pareil, tout est important, tout est fait de patience : la farine, le crayon qui dessine, le silence, parfois le mot, lui, il est là juste pour ponctuer :une virgule, un point, une interrogation, une exclamation, trois petits points pour le rêve… Une façon de partager le jour entre chacun comme un pain. ( Page 46)

« On nous isole, on nous parque comme des bêtes, on massacre nos villages. Tu appelles ça comment, toi ? Moi, j’appelle ça un génocide. Tu l’accepterais, si tu étais en âge de te battre ? »
Toudou baisse la tête. Il sait seulement que, pour l’instant, il n’a aucune envie de se battre. (Page 67)

« J’ai arrêté le temps ce matin à dix heures, oh, juste un instant ; ça n’aura pas gêné le soleil.
Les voix d’Hélène et Marie, l’ombre rayée comme un zèbre, une odeur d’eucalyptus ; je caressais mon oreiller, j’étais bien.
Après, le jour a repris ; mais là je ne me rappelle plus très bien. Ce n’était plus qu’une histoire de temps ». (Page 73)

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